12 février 2015 – Portrait chinois : si j’étais un jardin

Sur une idée de Camille, un petit exercice qui m’a pris un certain temps car j’ai pour habitude de déverser simplement mes pensées …

 

Un portail en bois, à la peinture blanche écaillée, encadré de hauts bambous, laisse entrevoir une allée de petits pavés. Ni cadenas, ni chaine, juste un panneau à l’invite poétique  accroché à l’un des montants : « Jardin Bucolique – Bienvenue ».

La courte allée granite, jetée au milieu du gazon, mène vers trois magnifiques érables japonais, dont la couleur pourpre a laissé place au vert en cette saison estivale. A peine plus hauts qu’un homme, le port royal, ils veillent sur de gros galets blancs, donnant à cette partie du jardin un air de sérénité. Un banc simpliste en pierre, convie le promeneur à s’asseoir quelques instants.

Un peu plus loin, face aux arbres du pays du soleil levant, un mur vivant de Stipas ondule au grès d’une brise légère. Les graminées aux longues feuilles fines couleur émeraude exhibent avec fierté une houppe sable au bout de leurs hautes tiges. Elles font ombre à un bassin de petite taille, surmonté d’une cascade. Dans sa chute mélodieuse, l’eau éclabousse de minuscules fleurs rouges qui tapissent les interstices des dalles qui définissent le contour. Quelques feuilles de nénuphar et une unique fleur grenat flottent à la surface. Eparses, quelques lentilles d’eau les accompagnent, mues de temps à autre par une carpe koï orangée ou blanche venue prendre l’air.

Un coin plus sombre attire l’œil. Un Salix, greffé sur un tronc étranger, a pris beaucoup d’ampleur. Ses longues branches très feuillues rosissent aux extrémités et retombent comme un saule pleureur. Accroché à la naissance de l’une d’elles, un carillon en bambou surmonté d’une petite maison pour oiseau, est à l’affût du moindre coup de vent ami qui lui permettrait de jouer sa complainte. Dessous, un vieux banc en fer forgé, aux courbes romantiques, sur lequel est posé un long coussin épais en tissu blanc à fleurs aux tons passés. A côté, un guéridon dans le même style sur lequel on a abandonné négligemment un roman près d’un photophore. Une pause sur le banc, permet d’apercevoir un tas de branchages jetés de façon aléatoire afin d’attirer les hérissons et les inviter à s’y cacher. De grandes fougères, épanouies dans la fraicheur de l’ombre, donnent l’aspect d’un sous-bois. Sans doute en une autre saison, quand elles ont disparues, à leur place fleurissent quelques colchiques et crocus.

Un parfum envoutant parvient jusque-là. Celui de lys impériaux. La dernière partie du jardin est le domaine de nombreuses fleurs. Des papillons aussi, ils virevoltent en une danse voluptueuse, animés par une musique imaginaire. Le soleil domine de ce côté-là. Un pied de roses anciennes, planté sans doute depuis de nombreuses années, forme une pluie de fleurs retombant par-dessus une tonnelle. Plus loin, des végétaux se mêlent aux gerbes colorées dans un bosquet. Une minuscule plate-bande en arabesque, couverte de plantes grasses, accompagnées de petites pâquerettes blanches, clos et parfait le jardin…